Newsletter de l'UNAPL Occitanie - N° 31 - Septembre/Octobre 2023


 
RÉGION
Un territoire qui se refait une santé

En reprenant la pharmacie de Sainte-Enimie en Lozère, Lola Pialot a conforté la présence d’autres professionnels dans le bourg, médecins et infirmiers, et contribué à l’attractivité de ce « Plus beau village de France ».

Lola Pialot
Lola Pialot
A ceux qui pensent que la désertification médicale, concept qui englobe l’ensemble des professions de santé, est irrémédiable et irréversible, un petit tour en Lozère est conseillé. Le département le moins peuplé de France démontre que rien n’est jamais perdu et qu’avec une heureuse conjonction d’opportunités des solutions surgissent sur le terrain.

La Lozère est l’un des treize départements constituant la région Occitanie. C’est en altitude moyenne le département le plus haut de France. Cela contribue sans doute largement à ses spécificités et ses attraits. On y trouve, en effet, une qualité de vie inégalée même si les hivers sont souvent rudes et si le moindre déplacement peut s’avérer compliqué lorsqu’il faut affronter une route sinueuse et étroite.

Mais la montagne est toujours belle. Elle va même jusqu’à « envoûter » ses enfants pour qui le retour au pays est un but majeur. C’est ce qu’a pu attester Lola Pialot, comme nous l’avons relaté dans un précédent numéro de notre newsletter.

Diplômée de la faculté de pharmacie de Montpellier, après avoir travaillé durant plusieurs années en officine puis au service d’un laboratoire, elle n’a pas laissé passer l’occasion quand elle a surgi. C’était à Sainte-Enimie (1), au cœur des Gorges du Tarn, non loin de Meyrueis, son berceau familial dans les Gorges de la Jonte.

Cette démarche a permis d’assurer la pérennité de la pharmacie et par là-même celle des autres professionnels de santé du bourg, infirmiers et médecins. Autant dire que son arrivée fut vécue comme une aubaine par les habitants et en premier lieu par Jacqueline Malaval, maire de la commune.

« Pour nous, souligne cette dernière, la présence de la pharmacie est vitale. Elle permet de maintenir un médecin et les autres services. Pour la population permanente, cela signifie ne pas aller à trente kilomètres, à Mende ou à Florac, pour une consultation. Pour notre commune très touristique qui reçoit beaucoup de visiteurs l’été, c’est un atout de première importance. »

Les services de santé sont pour une localité excentrée de plus en plus les moteurs du dynamisme local. A Sainte-Enimie, c’est le maintien à l’année des commerces de base et c’est un appui à la capacité d’accueil du village, en confortant la fréquentation des cafés, des restaurants, des hôtels.

La présence de ces services et commerces est un élément d’attractivité évident. Trois nouvelles familles avec enfants viennent de s’installer à Sainte-Enimie. Cela contribue au maintien de la crèche, de l’école primaire et du collège. Avec vingt-cinq élèves, classé comme unité de proximité, ce collège est le plus petit de France.

Et comme un bonheur n’arrive jamais seul en Lozère, Lola Pialot est fière de signaler que de nouveaux confrères et consoeurs ont repris des officines dans le département, à Chanac et à Bagnols-les-Bains, par exemple.


 
(1) Sainte-Enimie, parée du label de « Plus beau village de France » compte 529 habitants. Elle appartient à la communauté de communes des Gorges du Tarn Causses.



TEMOIGNAGES

Conseil, dynamisme, proximité, qualité de vie…

* Jacqueline Malaval, maire de Sainte-Enimie.
« Nous ne pouvons que nous féliciter de l’arrivée de Lola. Elle est dynamique, répond à tous, apporte des conseils. Grâce à sa venue pour reprendre la pharmacie, elle a permis le maintien des autres professionnels de santé. Notre population est ravie de sa présence. Elle offre des services complémentaires et assure même la livraison de produits de sa pharmacie, ce qui est très important pour une commune comme la nôtre qui est très étendue. »

* Christiane Rouvière, ex-institutrice de l’école de Sainte-Enimie.
« Lola est une jeune femme attachante, empathique pour les gens du village. Elle a beaucoup de connaissances, elle sait conseiller et même très bien conseiller. Elle sait répondre aux demandes urgentes, que ce soit pour la clientèle âgée du bourg ou pour les vacanciers qui l’été viennent la voir pour soigner des piqûres de moustiques. Elle connait aussi bien les médicaments que les plantes. Elle est toujours à la pointe. Elle a été acceptée ici comme si elle faisait partie de la famille. »

* Rachid Bahloul, pharmacien remplaçant.
« Après avoir tenu une pharmacie à Montel de Gelat dans le Puy-de-Dôme, j’ai choisi de m’orienter vers les remplacements de une à trois semaines, afin d’avoir plus de temps libre et de liberté. C’est dans ce cadre que j’ai eu très vite le contact avec Lola. A Sainte-Enimie, j’effectue des remplacements de quinze jours. C’est un milieu rural où l’on retrouve une population plus détendue qu’à la ville et des personnes plus sereines, même lorsqu’elles sont atteintes d’une maladie grave. Venir remplacer Lola dans son officine très bien gérée, venir dans un coin aussi magnifique, c’est royal ! »



L’indispensable présence des professionnels libéraux

Pas de pays sans paysan disait autrefois un grand dirigeant agricole aveyronnais. Pas de bourgs sans professionnels de santé. Ce truisme est parfaitement illustré à Sainte-Enimie. Il devrait être reproduit dans un maximum de lieux qui sont touchés depuis des années par le non remplacement de médecins, de pharmaciens dont les cabinets et officines ne trouvent pas de repreneurs.

Dans le cadre du colloque de prospective « Occitanie 2050 », organisé par le Conseil économique, social et environnemental régional d’Occitanie à l’Hôtel de Région à Toulouse fin juin, le Dr Marie-Ange Boulesteix, présidente de l’UNAPL Occitanie, est intervenue pour mettre en évidence ce problème qui nécessite pour sa résolution un soutien appuyé et éclairé des pouvoirs publics.

Le Dr Boulesteix a rappelé que l’aménagement du territoire et le maintien de la vie sur l’ensemble de celui-ci ne pouvaient se réaliser sans une prise en compte forte des professions indépendantes. Les libéraux, les artisans, les commerçants (aujourd’hui regroupés au sein de l’U2P) sont 330.000 en Occitanie. Leur présence dans les petites villes, les bourgs, les zones rurales excentrées et aussi dans les quartiers urbains et périurbains fragiles est indispensable pour assurer une qualité de vie quotidienne à laquelle chacun aspire et a droit.