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RÉGION
Un territoire qui se refait une santé
En reprenant la pharmacie de
Sainte-Enimie en Lozère, Lola Pialot a
conforté la présence d’autres professionnels
dans le bourg, médecins et infirmiers, et
contribué à l’attractivité de ce « Plus
beau village de France ». |
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Lola
Pialot |
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A ceux qui pensent que la
désertification médicale, concept
qui englobe l’ensemble des
professions de santé, est
irrémédiable et irréversible, un
petit tour en Lozère est conseillé.
Le département le moins peuplé de
France démontre que rien n’est
jamais perdu et qu’avec une heureuse
conjonction d’opportunités des
solutions surgissent sur le terrain.
La Lozère est l’un des treize
départements constituant la région
Occitanie. C’est en altitude moyenne
le département le plus haut de
France. Cela contribue sans doute
largement à ses spécificités et ses
attraits. On y trouve, en effet, une
qualité de vie inégalée même si les
hivers sont souvent rudes et si le
moindre déplacement peut s’avérer
compliqué lorsqu’il faut affronter
une route sinueuse et étroite.
Mais la montagne est toujours belle.
Elle va même jusqu’à
« envoûter » ses enfants
pour qui le retour au pays est un
but majeur. C’est ce qu’a pu
attester Lola Pialot, comme nous
l’avons relaté dans un précédent
numéro de notre newsletter. |
Diplômée de la faculté de pharmacie de
Montpellier, après avoir travaillé durant
plusieurs années en officine puis au service
d’un laboratoire, elle n’a pas laissé passer
l’occasion quand elle a surgi. C’était à
Sainte-Enimie (1), au cœur des Gorges du
Tarn, non loin de Meyrueis, son berceau
familial dans les Gorges de la Jonte.
Cette démarche a permis d’assurer la
pérennité de la pharmacie et par là-même
celle des autres professionnels de santé du
bourg, infirmiers et médecins. Autant dire
que son arrivée fut vécue comme une aubaine
par les habitants et en premier lieu par
Jacqueline Malaval, maire de la commune.
« Pour nous, souligne cette dernière,
la présence de la pharmacie est vitale. Elle
permet de maintenir un médecin et les autres
services. Pour la population permanente,
cela signifie ne pas aller à trente
kilomètres, à Mende ou à Florac, pour une
consultation. Pour notre commune très
touristique qui reçoit beaucoup de visiteurs
l’été, c’est un atout de première
importance. »
Les services de santé sont pour une localité
excentrée de plus en plus les moteurs du
dynamisme local. A Sainte-Enimie, c’est le
maintien à l’année des commerces de base et
c’est un appui à la capacité d’accueil du
village, en confortant la fréquentation des
cafés, des restaurants, des hôtels.
La présence de ces services et commerces est
un élément d’attractivité évident. Trois
nouvelles familles avec enfants viennent de
s’installer à Sainte-Enimie. Cela contribue
au maintien de la crèche, de l’école
primaire et du collège. Avec vingt-cinq
élèves, classé comme unité de proximité, ce
collège est le plus petit de France.
Et comme un bonheur n’arrive jamais seul en
Lozère, Lola Pialot est fière de signaler
que de nouveaux confrères et consoeurs ont
repris des officines dans le département, à
Chanac et à Bagnols-les-Bains, par exemple.
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(1) Sainte-Enimie,
parée du label de « Plus beau
village de France » compte 529
habitants. Elle appartient à la
communauté de communes des Gorges du
Tarn Causses. |
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TEMOIGNAGES
Conseil,
dynamisme, proximité, qualité de vie…
* Jacqueline Malaval,
maire de Sainte-Enimie.
« Nous ne pouvons que nous féliciter de
l’arrivée de Lola. Elle est dynamique, répond
à tous, apporte des conseils. Grâce à sa venue
pour reprendre la pharmacie, elle a permis le
maintien des autres professionnels de santé.
Notre population est ravie de sa présence.
Elle offre des services complémentaires et
assure même la livraison de produits de sa
pharmacie, ce qui est très important pour une
commune comme la nôtre qui est très
étendue. »
* Christiane Rouvière, ex-institutrice de
l’école de Sainte-Enimie.
« Lola est une jeune femme attachante,
empathique pour les gens du village. Elle a
beaucoup de connaissances, elle sait
conseiller et même très bien conseiller. Elle
sait répondre aux demandes urgentes, que ce
soit pour la clientèle âgée du bourg ou pour
les vacanciers qui l’été viennent la voir pour
soigner des piqûres de moustiques. Elle
connait aussi bien les médicaments que les
plantes. Elle est toujours à la pointe. Elle a
été acceptée ici comme si elle faisait partie
de la famille. »
* Rachid Bahloul, pharmacien remplaçant.
« Après avoir tenu une pharmacie à Montel
de Gelat dans le Puy-de-Dôme, j’ai choisi de
m’orienter vers les remplacements de une à
trois semaines, afin d’avoir plus de temps
libre et de liberté. C’est dans ce cadre que
j’ai eu très vite le contact avec Lola. A
Sainte-Enimie, j’effectue des remplacements de
quinze jours. C’est un milieu rural où l’on
retrouve une population plus détendue qu’à la
ville et des personnes plus sereines, même
lorsqu’elles sont atteintes d’une maladie
grave. Venir remplacer Lola dans son officine
très bien gérée, venir dans un coin aussi
magnifique, c’est royal ! »
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L’indispensable
présence des professionnels libéraux
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Pas de pays sans paysan disait
autrefois un grand dirigeant
agricole aveyronnais. Pas de
bourgs sans professionnels de
santé. Ce truisme est
parfaitement illustré à
Sainte-Enimie. Il devrait être
reproduit dans un maximum de
lieux qui sont touchés depuis
des années par le non
remplacement de médecins, de
pharmaciens dont les cabinets
et officines ne trouvent pas
de repreneurs.
Dans le cadre du colloque de
prospective « Occitanie
2050 », organisé par le
Conseil économique, social et
environnemental régional
d’Occitanie à l’Hôtel de
Région à Toulouse fin juin, le
Dr Marie-Ange Boulesteix,
présidente de l’UNAPL
Occitanie, est intervenue pour
mettre en évidence ce problème
qui nécessite pour sa
résolution un soutien appuyé
et éclairé des pouvoirs
publics.
Le Dr Boulesteix a rappelé que
l’aménagement du territoire et
le maintien de la vie sur
l’ensemble de celui-ci ne
pouvaient se réaliser sans une
prise en compte forte des
professions indépendantes. Les
libéraux, les artisans, les
commerçants (aujourd’hui
regroupés au sein de l’U2P)
sont 330.000 en Occitanie.
Leur présence dans les petites
villes, les bourgs, les zones
rurales excentrées et aussi
dans les quartiers urbains et
périurbains fragiles est
indispensable pour assurer une
qualité de vie quotidienne à
laquelle chacun aspire et a
droit.
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